Questions en vrac #1

Publié le 19 avril 2025 dans les catégoriesblogquestions

Comme tout être humain deleuzien, je suis une machine à produire des questions, et lorsqu’il y a beaucoup de questions, suffisamment de questions, je les rassemble ici avec les réponses que j’ai pu trouver. Jusqu’à ce qu’un nouveau jour amène son lot, et la machine de repartir pour un tour. Ces billets, ce sont les questions en vrac, et voici les premières que j’ai réunies ici.

Et d’abord, c’est quoi vrac ?

Le CNRTL, qui est un de mes sites favoris pour tout ce qui touche à la langue française, m’indique que la première utilisation du mot vrac remonte aux marchands hollandais du 15ème siècle qui qualifiaient les harengs de mauvaise qualité de herencq waracq. Par la suite, ça a désigné tout type de poisson mis dans des barils sans ordre ni soin, puis des marchandises qui ne sont pas emballées. (1)

Est-ce que les tramways et les trains roulent à gauche dans les pays où on roule à gauche ?

Pour les trains, pas nécessairement, mais en très grande partie oui.
Il y a des exceptions et toutes sauf une sont dans la combinaison “conduite sur route à droite/train à gauche”. C’est le cas de l’Italie, du Portugal, de la Suède (sauf Malmö et des régions au sud) ou de la Suisse. La France aussi, avec une exception parmi les exceptions, celle qui surgit toujours, j’ai nommé l’Alsace-Lorraine.
La seule qui est “conduite à gauche, train à droite” est l’Indonésie. (2)

Pour les tramways par contre oui, ils suivent en général le sens du traffic quand ils partagent la route avec les autres véhicules en ville.

Les métros en France roulent à droite d’ailleurs, sauf un seul qui roule à gauche, celui de Lyon. Apparemment il avait été envisagé à une époque de relier le métro lyonnais au réseau SNCF, mais ça n’a jamais été fait. Depuis le métro de Lyon résiste, gauchiste dans une ville à droite pendant toute la Cinquième jusqu’à 2020 et ultradroite entre la deuxième et troisième mi-temps.

Est-ce qu’il y a des règles à respecter pour numéroter les maisons dans une rue ?

Non, mais en général on évite les excentricités pour faciliter la vie de tout le monde.

Déjà avant si la commune avait moins de 2000 habitants, on pouvait se passer de numéros. Depuis l’année dernière la fête est finie, l’Etat a sévi, et même ces communes doivent avoir mis en place une numérotation (3).

Ensuite, il y a deux systèmes globalement mis en place: le système métrique où on numérote en fonction de la distance par rapport à un rond-point, un carrefour, un endroit important. La maison qui est à 50 mètres de cet endroit aura le numéro 50, celle à 200 mètres le numéro 200, etc. C’est en général mis en place dans les endroits où la densité urbaine est encore faible, et où de futures lots pourraient être attribués plus tard, ce qui évite aussi de recourir à des bis, ter et autre pour départager. L’autre système c’est la numérotation séquentielle, majoritaire, avec la première maison de la rue qui a le numéro 1 et on incrémente.

Ce n’est pas obligatoire non plus de mettre tous les numéros pairs d’un côté et les impairs de l’autre. C’est selon le bon vouloir de la mairie. J’aimerais trouver un jour une ville ou un quartier dans lequel ce n’est pas ordonné comme ça, juste pour voir.

Comment est composé un code ISBN ?

Vu que j’ai mis en place le système pour enregistrer des livres sur mon site dans la partie Collection, j’ai pu m’intéresser à l’IBSN. Quelle invention fantastique, n’empêche. Se dire que pour une fois on a trouvé un système unique d’identification et de référencement au lieu d’avoir quatorze standards concurrents, c’est un miracle.

Pour l’IBSN-13, il y a 13 chiffres, qui se décomposent comme ceci. Prenons par exemple l’IBSN 978-2-7073-03073

978: En passant de l’ISBN-10 à l’IBSN-13, on a ajouté au début le pays de production, pour coller au système dominant de la marchandisation de la planète. Mais comme les livres viennent de partout et surtout parfois de nulle part, au détour d’une boîte à livres, d’une recommandation, d’un hasard de librairie, on a attribué un numéro jusque-là inutilisé, 978 (parfois 979) pour désigner Bookland, le pays des livres. Poétique et capitaliste à la fois.
2: la vraie zone d’origine, de chalandise comme on dit. C’est généralement un pays ou une très grosse région. Ici 2 c’est pour la France.
7073: le code de l’éditeur dans la zone de chalandise. Il varie entre 1 et 6 chiffres, et plus il est petit, plus l’éditeur édite. Cela permet de garder les chiffres restants pour numéroter les livres sortis, il en faut donc beaucoup pour un gros éditeur, car tout ça doit rentrer dans les 10 chiffres de l’ISBN-10.
0307: le numéro du livre lui-même, dans la collection de l’éditeur, qui l’attribue comme il l’entend, soit en suivant une logique interne qui lui est propre ou en incrémentant au fur et à mesure des sorties.
3: une clé de contrôle, mais pas celle de l’IBSN-10, celle du format EAN.

On a donc le livre numéro 0307 de l’éditeur qui a le numéro 7073 en France, c’est à dire Capitalisme et schizophrénie 2: Mille Plateaux, aux éditions Minuit.

La conséquence de tout ceci c’est que face à un code ISBN qui a les tirets pour départager les numéros on peut en apprendre beaucoup sur un bouquin sans même l’avoir encore ouvert. Un numéro qui n’est pas 2 (français) ou 0 et 1 (anglais) et déjà on sort des deux empires avec lesquels nous ne sommes que trop accoutumé-e-s, on commence à voir du pays, d’autres horizons; un petit numéro d’éditeur, et on sait déjà qu’on est possiblement face à un gros groupe qui appartient sans doute à Bernard Arnault ou la famille Bolloré, auquel cas on peut reposer le bouquin et envisager celui à côté, d’un plus petit éditeur, qui arbore son gros chiffre presque honteusement, comme pour s’excuser de prendre autant de place dans un code marchand. Sachons lui donner tort en le feuilletant.

Sources:

(1) CNRTL
(2) Wikipédia
(3) ANCT