Le film marche mieux comme un mystère que comme un film d'horreur. Sur ce point, la caméra retrouve des automatismes scolaires dans la mise en scène et les angles pour choquer et prendre au dépourvu. On aurait pu s'en passer. Mais quand on est dans la partie mystère, je me suis dit qu'on retrouve une tension très similaire à ce qu'on a pu voir dans It Follows, avec un dialogue entre le premier et l'arrière-plan, des scènes en mirroir, des zooms et des dézooms qui balisent l'espace, des plans fixes qui font monter l'angoisse non pas parce que c'est brusque, mais au contraire parce que c'est immobile, et qu'il n'y a qu'un seul élément qui dérange dans le cadre. En parlant d'espace, le film confirme, consacre, s'il fallait encore le constater, le potentiel infini des maisons pavillonnaires américaines à générer des plans naturellement horrifiques. Leur construction intérieure est du pain béni pour chercher des angles effrayants, entre l'escalier qui empêche de voir ce qu'il y a à l'étage du dessous, ou bien le balcon qui surplombe et se fait terreau fertile pour des mouvements verticaux surprenants, ou alors l'agencement avec ces couloirs à l'étage qui forcent à tourner près des murs pour voir de l'autre côté. Et pour les foyers les plus riches, la porte sous l'escalier qui mène à la cave, encore des angles très serrés et opportuns, et une peur des espaces sombres et qu'on sait occupés. C'est quelque chose que PT, dans le jeu vidéo, avait très bien compris aussi et mis en scène.